jeudi 19 décembre 2013

Vacance des bureaux : une solution à la crise du logement ?

3,8 millions mètres carrés de bureaux vides en Île-de-France en 2013 (crédit : Robinson75, Virusphoto.com)
Le 1er février 1954, l'appel de l'Abbé Pierre avait ébranlé les Français, qui prenaient alors conscience des réalités du mal-logement. Presque 60 ans plus tard, alors que 3,6 millions de personnes sont considérées comme mal logées par le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre, moins de 340 000 logements ont été construits en 2013, quand Cécile Duflot, ministre de l'Egalité des territoires et du Logement, en promettait 500 000. Comparée aux millions de mètres carrés de bureaux vides en France, la performance décevante devient un véritable scandale. Certes, ce déséquilibre n'est pas nouveau, mais comment l'expliquer et l'accepter quand tous les acteurs du secteur, y compris les pouvoirs publics et les élus, en sont conscients et annoncent chercher à y remédier ?

Pour le cabinet de conseil en immobilier Immo G Consulting, il y aurait près de 7 millions mètres carrés de bureaux vacants en 2013 dans la seule région parisienne, alors que durant la dernière décennie, près de 12 millions de mètres carrés sont sortis de terre. Selon ses prévisions, 10 millions mètres carrés de bureaux devraient encore être construits d'ici dix ans, faisant de Paris, avec 60 millions mètres carrés, le plus grand parc d'immobilier de bureaux en Europe, le double de Londres ! Si les chiffres varient selon les sources (le cabinet DTZ dénombre quant à lui 3,8 millions de mètres carrés vacants en Île-de-France), le constat est le même : le nombre de bureaux est largement excédentaire alors qu'il faudrait construire en région parisienne 70 000 logements par an, et que l'on en a construit seulement 37 000 en 2013.

mardi 10 décembre 2013

Bilan 2013 de la construction : des motifs d'espoir ?

Après un bilan 2013 en repli, le BTP s'attend à une année 2014 difficile (crédit : Rue de la paye)
Le changement dans le bâtiment, ça n'est pas pour maintenant ! Après une année 2012 désastreuse, en repli de 1,6 %, la chute de l'activité s'accentue encore en 2013 avec -2,6 %, et surtout près de 25 000 emplois perdus pour le seul secteur du bâtiment. Malgré la réaction du gouvernement, aucune mesure se semble limiter la baisse et seule la reprise tant espérée de la croissance du PIB pourrait sortir le BTP de l'ornière. De nombreux problèmes pointés par les professionnels existent toujours, comme le détachement des salariés ou la concurrence des auto-entrepreneurs. Pourtant, il subsiste quelques motifs d'espoir, à commencer par le fait que le bilan 2013 n'est pas aussi mauvais qu'attendu.

Elle sait se faire attendre, la reprise. Alors qu'aux Etats-Unis, la croissance du secteur a atteint 5 % en 2013 et qu'une hausse de 9 % est attendue en 2014, dopée par la construction de logements, le secteur en France continue de subir les contrecoups de la crise économique de 2008. Didier Ridoret, le président de la Fédération Française du Bâtiment, l'a annoncé le 3 décembre dans son traditionnel discours de fin d'année : "la situation économique du bâtiment a été mauvaise en 2013 et le restera en 2014". Avec -2,6 % en 2013, le secteur du bâtiment fait ainsi quasiment deux fois moins bien qu'en 2012 (-1,6 %). De quoi inquiéter la plupart des entrepreneurs.

mercredi 4 décembre 2013

Que la lumière économe et écologique soit !

L'éclairage : un outil pour la sécurisation et la valorisation esthétique de la place de la Liberté à Toulon (crédit : toulon.fr)
Qui n'a jamais été choqué de voir des immeubles de bureaux complètement éclairés la nuit alors que personne ne s'y trouve, alors même que le gouvernement avait décidé de faire la guerre aux éclairages superflus ? A l'heure où la société cherche à changer petit à petit ses pratiques et ses comportements en matière de consommation énergétique, l'éclairage ne semble pas être un domaine de progrès prioritaire, en raison notamment d'enjeux qui dépassent les simples besoins humains. Et pourtant, les moyens techniques existent aujourd'hui, permettant de réaliser (presque) facilement des économies, sans tout révolutionner. Alors, qu'attend-t-on pour faire passer les nouvelles solutions d'éclairage de l'ombre à la lumière ?

L'éclairage est un peu le parent pauvre de la lutte contre le gaspillage énergétique. Et pourtant, une fois qu'une isolation performante a été posée, la gestion de l'éclairage devient prépondérant pour réaliser de fortes économies d'énergie. Car l'éclairage, à l'instar du chauffage, ne répond pas qu'à un besoin humain basique de lumière : ses enjeux concernent également la sécurité, l'esthétique et même le marketing. Historiquement, l'éclairage public est une des stratégies les plus utilisées pour lutter contre l'insécurité dans les espaces urbains. De même, un éclairage bien adapté peut améliorer les performances des élèves ou des travailleurs (que ce soit en usine ou dans un open-space (chez Facebook par exemple), comme augmenter les ventes d'un commerce. Orientation (directe ou indirecte), couleurs (chaudes ou froides), l'éclairage est un outil très adaptable selon les objectifs recherchés.

jeudi 28 novembre 2013

Enjeux de l'innovation et de la certification dans l'isolation : le cas Actis


Pose d'isolant multicouche Actis dans les combles (crédit : isolation.comprendrequechoisir.com)
Déjà évoqué dans le dossier précédent sur la ouate de cellulose, la question de la certification des matériaux et procédés d’isolation est centrale pour les industriels, les consommateurs et l’Etat, afin que les objectifs en termes de réglementation thermique soient atteints. Or, il s’avère que la normalisation est également une arme concurrentielle redoutable, au service de ceux qui savent orienter les instances de certification à leurs profits. Depuis plusieurs années, Actis, spécialiste des isolants réflecteurs minces multicouches, se dit victime d’un système français où règne opacité et collusion entre les différents acteurs. Au point que l’Autorité de la concurrence a décidé d’y faire la lumière.

Actis, le petit poucet innovateur contre les géants de l’isolation.

Actis est une PME de 210 salariés, installée à Limoux (Aude) et spécialisée dans l’isolation des bâtiments en construction ou en rénovation. Elle dispose de produits innovants, grâce à un pôle recherche et développement de quinze salariés (elle consacre 5 % de son chiffre d’affaires à la R&D), notamment la couche mince (isolant léger et de faible épaisseur) mais aussi d’autres produits comme le film de laine, le film polyéthylène ou des matériaux biosourcés (fabriqués avec du bois ou du chanvre).

mardi 26 novembre 2013

Batimat 2013 : une bonne surprise ?

Cécile Duflot lors du concours de l'innovation à Batimat 2013 (crédit : territoires.gouv.fr)

Finalement, Batimat 2013 n’a pas été l’échec tant redouté (souhaité) par certains. Il faut le reconnaître, les changements structurels – déplacement à Villepinte et fusion de trois salons – soulevaient de nombreuses questions, en partie répondues (positivement et négativement) par la dernière édition. Niveau chiffrage, on ne peut pas parler de succès même si la venue de deux ministres a compensé – médiatiquement – le semi-échec. Pour finir, le salon a pu servir, comme de coutume, de caisse de résonnance à la Fédération Française du Bâtiment pour une opération ô combien importante : la pétition contre la concurrence déloyale et la contrefaçon.

Villepinte, un bon point… finalement.   

Dans la guéguerre des parcs d’exposition, Villepinte dispose dorénavant d’une longueur d’avance sur la Porte de Versailles. Certes, il faut prendre le RER mais cela est largement compensé par la modernité des lieux, bien que trop grands pour certains. Tous les grands s’y rendent dorénavant et ce n’est pas un hasard si la Mairie de Paris et Unibail-Rodamco viennent de lancer un grand relooking du parc des expositions intra-muros de la Porte de Versailles… Le temps presse afin de lui redonner son lustre d’antan… et l’intégrer à la future star du quartier : la Tour Triangle. 

jeudi 21 novembre 2013

Vers la fin du fléau de l'écodélinquance ?

La justice au soutien du photovoltaïque contre l'écodélinquance (crédit : Collectif pour la confiance)
C'est la dernière en date : et si l'écotaxe n'était qu'une énorme arnaque montée par une obscure entreprise italienne au détriment de l'État et surtout des sociétés de transports ? La question mérite de se poser quand on s'arrête sur les termes du contrat : Ecomouv' récupérerait en effet 20 % des recettes générées par la taxe ! Un gain estimé à 3 milliards d'euros pour 13 ans d'exploitation, alors qu'en Allemagne, le pourcentage n'est que de 13 % ! Une affaire qui, si elle se confirmait, classerait l’écotaxe comme une nouvelle affaire d’écodélinquance, un phénomène récent qui a participé à l’effondrement du marché du photovoltaïque en France.

Il existe plusieurs définitions de l'écodélinquance, souvent en contradiction d'ailleurs ! Pour les uns, l’écodélinquance est le fait d’attenter à l’environnement (le greenwashing en est une dimension), qui tend plutôt vers ce qu’Arnaud Gossement appelle le droit de l’environnement, ou la « police verte ». Pour d’autres, comme le CNPT, l’écodélinquance correspond aux actes de dégradation commis par des écologistes au nom de leur combat pour l’environnement, ce qui est généralement qualifié d’écoterrorisme. Pour le monde du BTP, l’écodélinquance qualifie plutôt l’ensemble des arnaques et des escroqueries suscitées par l’intensification des réglementations environnementales, le développement des solutions d’économie d’énergies et leur subventionnement.

jeudi 14 novembre 2013

Le BTP et la révolution numérique : bougez !

Building Information Modeling ou Maquette numérique du Bâtiment (source : buildipedia.com)

Le BTP veut-il finir comme les taxis parisiens, bousculés par des concurrents innovants ? En effet, ces derniers utilisent parfaitement tout le potentiel permis par la révolution numérique afin de se créer une niche, d’empiéter sur le marché des taxis et – de manière indirecte mais terriblement efficace – de mettre en exergue les conséquences néfastes de leur corporatisme. Aussi, il faut le dire : ce qui détruit les taxis, ce n’est pas la révolution numérique, c’est leur sclérose. Par conséquent, le BTP serait bien inspiré de s’intéresser à la révolution en cours, au risque de péricliter au profit d’acteurs  innovants… et redoutables.

La maquette numérique, symbole visible mais peu généralisé.

La maquette numérique (ou BIM en anglais, Building Information Model) est un concept très discuté en France, à défaut d’être véritablement adopté par les acteurs du BTP. En 2013, lors du récent Batimat, pas moins de 42 conférences ont été consacrées au BIM, véritable tête d'affiche.

jeudi 7 novembre 2013

Le bois : enfin un nouveau regard sur une ressource ancienne

Une maison à ossature bois (crédit : http://une-maison-bois.fr)

Le bois connaît un renouveau qui est dans l’air du temps : recherche d’authenticité et de performance énergétique, potentiel industriel avéré de la filière en France, les salons ou journées professionnelles dédiés au bois et à la filière bois-construction font florès ! Un jour à Bordeaux, l’autre à Rodez, sans oublier Batimat évidemment. Quelles sont les réalités et les raisons de ce succès ?

La filière bois en France est loin d'être négligeable. Elle représente 450 000 emplois et 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires. De plus, il ne faut pas oublier que la forêt couvre 28 % du territoire national et est la première forêt feuillue d’Europe. Concernant spécifiquement le créneau construction bois, les 2 466 entreprises (construction, charpente, bardage, menuiserie...) revendiquent 31 940 salariés et un chiffre d’affaires total de 3,9 milliards d’euros. Ainsi, la France dispose d’un gisement de ressources biologiques et valorisables économiquement… qu’elle a bien du mal à renforcer malgré les initiatives des acteurs sur le terrain.

jeudi 31 octobre 2013

L'autoconsommation, ou le soleil dans la nuit du photovoltaïque

La soleil brillera-t-il à nouveau sur le secteur du photovoltaïque grâce à l'autoconsommation ? (crédit : TPE énergie photovoltaïque)
Placées sous les signes de l'environnement et de la collaboration entre corps de métiers, les dernières journées de la CAPEB ont notamment consacré une de leurs tables rondes à ce qui représente le dernier espoir pour sortir l'industrie photovoltaïque française de l'ornière : l'autoconsommation. En effet, à la fois tué par la concurrence chinoise, l'écodélinquance et la fin des subventions au secteur, le photovoltaïque s'est enfoncé dans une crise profonde, encore accentuée par un contexte économique défavorable. Mais la crise a peut-être eu du bon en débarrassant le milieu des incompétents et des profiteurs (voire escrocs), en le délivrant de sa dépendance aux subventions, pour en revenir à ce concept simple et marqué du sceau du bon sens qu'est l'autoconsommation. Alors, espoir réel ou nouvelle insolation ? 

L'autoconsommation n'est pas à proprement parlé un concept nouveau. On pourrait même dire que l'existence d'équipements "individuels" de production d'énergie, renouvelables (éoliennes, photovoltaïques) ou non (groupe électrogène), devrait permettre naturellement de produire et consommer sa propre électricité, comme cela se fait par exemple depuis des dizaines d'années aux Etats-Unis (pour des raisons d'isolement). Mais la structure jacobine de la France, avec ce dogme ancien d'une électricité au tarif national unique, a largement empêché son développement. Ce n'est qu'après la crise du photovoltaïque en 2010 que l'ex-ministre du Développement Durable, Delphine Batho, a évoqué la promotion de l'autoconsommation sur les recommandations du groupe de travail "mix énergétique". 

jeudi 24 octobre 2013

Ecotaxe, la bataille du chacun pour soi

Ecotaxe poids lourds, moyen de financements du BTP (source : DREAL Bretagne)
Décidément jamais à court d’idées fiscales, le tout dans un joyeux foutoir médiatique et communicationnel, le gouvernement a pourtant une bonne occasion de démontrer un certain sens économique – et donc politique – avec ce qui est une avancée fondamentale pour notre pays : l’écotaxe. En effet, celle-ci doit s’analyser comme un transfert financier permettant d’impulser de nouvelles habitudes, bénéfiques pour l’environnement, chez les acteurs économiques. Problème : il faut un temps d’adaptation pour changer les comportements alors que les principaux syndicats professionnels, dans un contexte économique très tendu, voient l’écotaxe comme un nouveau tour de vis fiscal… Avec ses vainqueurs et ses perdants… au détriment de l’environnement et de la compétitivité nationale.  

Il est dorénavant convenu que les enjeux environnementaux doivent structurer notre manière de penser et de faire. Plus précisément, il convient de s’interroger sur les manières d’amener l’acteur économique, qu’il soit producteur ou consommateur, public ou privé, à prendre en compte l’environnement dans sa prise de décision. La taxe est un de ces moyens, dont l’objectif est d’internaliser les dommages engendrés par l’activité d’un agent qui en rejette le coût sur la société. Ainsi, une écotaxe est une charge versée par les entreprises dont les activités industrielles sont polluantes et nuisent à l’environnement. De ce fait, on comprend aisément qu’elle puisse s’appliquer aux transports routiers. Elle fut ainsi un des projets adoptés par la Loi Grenelle Environnement de 2009, sorte de redevance kilométrique qui vise à faire payer aux véhicules de transport de marchandises – vides ou chargés, français ou étrangers – de plus de 3,5 tonnes l’usage des 15 000 kilomètres de réseau routier national non concédé.

jeudi 17 octobre 2013

La (mauvaise) influence du lobbying dans le BTP

L'Assemblée nationale, où les lobbies bataillent pour l'avenir réglementaire du BTP (crédit : UNEF)
Un de plus ! Les syndicats professionnels du BTP comptent une nouvelle organisation : le Syndicat National des Bardages et Vêtures Isolés, prononcez S.N.B.V.I. Créé en juin 2013, il rassemble des anciens de l'amiante comme Eternit et James Hardie, d'autres fabricants de laines minérales comme Rockwool, ainsi que divers spécialistes de la façade pour faire la promotion des "façades intelligentes". Au delà de l'aspect alambiqué du concept, cette annonce pose la question de l'importance grandissante et récurrente des groupes d'influence dans le secteur du BTP.

Un lobby est un groupe de pression qui cherche à convaincre et persuader le législateur de suivre ses intérêts. Loin d'être une pratique nouvelle, Colbert combattait dès le XVIIème siècle les corporatismes, c'est-à-dire l'établissement de groupement d'intérêts et de pression des chambres de marchands, accusés de chercher à faire triompher leurs intérêts propres au détriment de ceux de la Nation. Et avec le développement conjoint du libéralisme économique et de la démocratie, la pratique s'est institutionnalisée au point de devenir incontournable, y compris dans le secteur du BTP, où les normes et réglementations omniprésentes entraînent une bataille juridique et législative permanente.

jeudi 10 octobre 2013

Batimat 2013, une institution en péril ?


Batimat 2013 (crédit : batimat.com)

Du 4 au 9 novembre 2013 se tient la 29ème édition du salon Batimat. Principale référence mondiale des salons de la construction, il rassemble tous les deux ans les professionnels (maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage, entrepreneurs et distributeurs), français et étrangers, venus présenter leurs derniers produits, matériels innovants et services. Mais loin du dynamisme habituel, cet événement incontournable est gagné, à l'image du pays, par la langueur et la crise. Et sa délocalisation à Villepinte n'arrange pas les choses... 

Ces dernières années, les enjeux énergétiques que connaît la société, et donc le secteur du bâtiment, ont servi de leitmotiv à Batimat, permettant ainsi aux acteurs d’échanger, de faire émerger des solutions techniques pertinentes afin de répondre aux différentes normes et lois relatives aux constructions et rénovations durables (RT 2012 pour ne parler que d’elle). L’édition 2013 ne déroge pas à la règle avec quatre thèmes centraux : la performance énergétique, la basse consommation, l’accessibilité et le confort d’usage des bâtiments ainsi que la forte dimension technologique de la construction. L’organisateur, Reed Expositions France, filiale du numéro un mondial des salons, le Britannique Reed Exhibitions, table sur 3 500 exposants et 400 000 visiteurs. Plus que jamais, l'institution Batimat participe pleinement à la vie du secteur et demeure un rendez-vous biennal incontournable. Pourtant, cette optimisme laisse songeur. En effet, de plus grand événement mondial, dans les années 1980, avec plusieurs dizaines de pays représentés, Batimat semble végéter voire dépérir. Et la crise n’est pas la seule explication.

vendredi 4 octobre 2013

Le scandale de l'esclavage moderne dans le BTP

La reine Beatrix de Hollande rencontre des ouvriers de la SHELL à Doha (crédits : Robin Utrecht/Royal Images/ANP/AFP)
Quand Sepp Blatter, le puissant président de la FIFA, faisait part de ses regrets d'avoir attribué la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, pensait-il aux milliers d'ouvriers qui allaient périr sur les chantiers ? Pas vraiment... Mais un article très documenté du journal anglais le Guardian, paru le 25 septembre dernier, a révélé que plus de 40 ouvriers originaires du Népal étaient décédés entre le 4 juin et le 8 août, du fait des mauvaises conditions de vie et du travail forcé. Si ce rythme devait se maintenir, près de 4 000 travailleurs pourraient ainsi mourir pour que des millions de téléspectateurs se régalent des dribles de Messi.

L'esclavage et le travail forcé dans le BTP ne sont pas vraiment une nouveauté. Est-il nécessaire de rappeler qu'il aurait fallu 10 millions d'ouvriers morts pour ériger la Grande Muraille de Chine ? Et si à l'époque, la grandeur et la sécurité d'une civilisation justifiaient tous les sacrifices (et surtout ceux des esclaves issus des rapines et des razzias), l'organisation des JO ou d'une coupe de monde, même de football, ne vaudra jamais le moinde décès. C'est une évidence. Or, aujourd'hui, 150 ans après que la plupart des pays aient aboli l'esclavage, l'International Labour Organisation (ILO), une agence des Nations Unies, estime qu'il existe près de 21 millions de personnes dans le monde en état de servitude, dont plus de la moitié proviendrait d'Asie. Malheureusement, le secteur du BTP n'échappe pas à ce triste phénomène.

vendredi 27 septembre 2013

Les Français et le logement : le préfabriqué comme solution ?

maison préfabriquée - architecte : Bestetti Associati Studio
photo : Fabrizio Bergamo / crédit : trendir.com


Le logement est une des grandes préoccupations des Français. Pour les personnes en détresse sociale, bien sûr, qui peuvent également connaître une situation de mal-logement chronique (insalubrité, grande précarité…). Comme le rappelle la Fondation Abbé Pierre, il y a, en France, 3,6 millions de non ou de mal logés et 5 millions de personnes fragilisées. Et la situation continue de s’aggraver… 

Toutefois, il ne faudrait pas oublier ces millions de français pour qui le logement est synonyme d’anxiété, la faute à un déficit structurel de l’offre. Ainsi, les loyers augmentent graduellement et finissent par peser lourd, faisant du logement le premier poste de dépense dans le budget familial. 

De fait, en France, en 2013, le logement a un prix exorbitant : financièrement et socialement. Cette question est bien évidemment politique, comme l’a encore démontré le récent projet de loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR). Mais les réponses apportées ces dernières années semblent avoir peu d’effets. A l’instar des « maisons Borloo », qui ont été un flop et une usine à gaz bureaucratique. Les objectifs fixés récemment par Cécile Duflot pour la construction neuve (y compris les HLM) ou la rénovation thermique des bâtiments apparaissent plus comme des vœux pieux. En effet, sans réformes structurelles du secteur, peu de chance que la dynamique se déclenche. 

vendredi 20 septembre 2013

Manifestation de la CAPEB : le ciment de la colère

Les artisans de la CAPEB manifestent dans la Manche (crédit : TendanceOuest).
Le dernier vendredi 13 était plus marqué par la colère que par la chance ou la poisse. Des milliers d'artisans se trouvaient en effet dans les rues, montant des centaines d'opérations escargot et des pique-niques, à l'appel de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, pour protester contre la pression fiscale, la concurrence déloyale et placer le gouvernement devant ses responsabilités. Un coup d'essai destiné à préparer des actions plus massives et accentuer la pression sur les politiques.

Un chiffre résume le constat alarmant de la CAPEB sur l'état du bâtiment en France : toutes les 30 minutes, l'artisanat du bâtiment perd un emploi ! Aux cris de "Attention, un jour ça va péter", "Artisan et fier de l'être" ou encore "Trop, c'est trop", 20 000 personnes à travers la France se sont mobilisées dans les sous-préfectures départementales. Une mobilisation conséquente, quand de nombreux artisans restaient bloqués sur les chantiers, afin d'éviter d'aggraver une situation déjà précaire.

jeudi 12 septembre 2013

Pénibilité : le mot et les maux.

Pénibilité au travail 
(crédit : Le Point / Arnaud Finistre / Maxppp)

Selon le Larousse, la « pénibilité » renvoie au caractère pénible d’une action. Ainsi, celle-ci se fait avec peine, exige un effort difficile, causant de la fatigue, de la souffrance. Toutefois, il existe derrière ce terme une variété de facteurs à la fois objectifs et subjectifs. Or, c’est cette complexité qu’essaye de simplifier le compte-temps pénibilité introduit dans la réforme des retraites, au risque de conduire à une grande confusion et à un ressentiment chez les salariés… et les patrons.

Pour le Code du Travail, la pénibilité renvoie à deux conditions cumulatives. D’une part, il faut une exposition à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels liés à des contraintes physiques marquées, un environnement physique agressif ou à certains rythmes de travail. D’autre part, ce contexte est susceptible de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé.

La pénibilité au travail : la complexité guette.

Quelques obstacles apparaissent derrière cette définition. En effet, les situations de travail sont extrêmement diverses, variant dans le temps et l’espace. Au sein d'un même métier, un poseur d'isolants par exemple, il peut y avoir une grande différence entre l'artisan qui pose de la ouate de cellulose, d'une densité de 70kg/m3, d'un autre spécialisé dans la laine de roche, autour des 150kg/m3. De plus, cette diversité des milieux professionnels ne peut être dissociée des parcours de vie et de santé d’un travailleur. Pour finir, il existe généralement une combinaison de facteurs de risques, et pas qu’un seul.

A partir de là, il faut pouvoir diagnostiquer la pénibilité, via les facteurs définis par le législateur. Ceux-ci renvoient : à des contraintes physiques marquées (manutention de charges lourdes, postures malaisées, vibrations mécaniques…) ; un environnement physique agressif (agents chimiques, bruit…) ; à certains rythmes de travail (travail de nuit, en alternance, répétitif…). 

jeudi 22 août 2013

Le micmac de la ouate de cellulose

Ouate de cellulose (crédit : http://www.reflexe-energie.fr)


L’ « affaire ouate de cellulose » a défrayé la chronique ces dernières semaines, comme l’a raconté Le Moniteur. Ainsi, il est intéressant d’y revenir afin de comprendre comment un secteur d’activité en fort développement peut profondément s’auto-déstabiliser par des évolutions confuses du cadre technico-réglementaire. Une lutte entre les acteurs de la filière est observable, engendrant un désordre important… alors que les concurrents ne sont pas exempts de tout reproche, avec des manœuvres d’un autre âge afin d’en tirer profit. En effet, l’opposition entre les utilisateurs de sels d’ammonium et de sels de bore n’est pas un simple contentieux entre frères ennemis. Il s’avère que cela nuit à l’ensemble de la filière et que, parallèlement, les concurrents de la filière ouate de cellulose manœuvrent afin de durablement la fragiliser.

Sels d’ammonium vs sels de bore : choisissez votre camp !

Depuis une trentaine d’année, la majorité des fabricants de ouate de cellulose utilisent les sels de bore comme antifongique dans leurs matériaux. Or, en août 2011, ces derniers sont répertoriés dans la directive européenne biocide même si, d’un point de vue règlementaire, ils restent autorisés dans les isolants en tant qu’ignifugeant (directive européenne Reach). C’est pour cette qualité qu’ils sont utilisés, selon les fabricants de ouate de cellulose à base de sels de bore. 

Pourtant, en septembre 2011, le groupe spécialisé numéro 20 (GS20) instruisant les demandes liées aux « produits et procédés spéciaux d’isolation », dépendant de la Commission chargée de formuler des avis techniques, nécessaires pour commercialiser les produits sur le marché français, décide d’en interdire totalement l’utilisation, à partir de septembre 2012, et ce au profit des sels d’ammonium. La CCFAT, composée de représentants des ministères et de professionnels, est ainsi soucieuse de promouvoir les qualités écologiques de la ouate de cellulose… ce qui peut paraître paradoxale car celle-ci est certes fabriquées à base de vieux journaux recyclés, mais contient également des produits chimiques (encre, etc.).

jeudi 8 août 2013

Les gaz de schiste, une aubaine pour le BTP ?


Le BTP pourrait profiter de la manne des gaz de schiste (crédit : http://jjmirassou.wordpress.com)
Relancé il y a quelques semaines par Arnaud Montebourg, ministre du "redressement productif", le débat sur l'exploitation des gaz de schiste en France demeure particulièrement clivant au sein de la société française. Entre les partisans de l'exploitation, qui refusent de s'asseoir sur cette manne financière en période de crise et de future pénurie énergétique, et les écologistes, qui dénoncent notamment les méthodes d'extraction du gaz, le dialogue peine à s'intaller. Pourtant, les énergéticiens ne sont pas les seuls à s'intéresser à la nouvelle ressource : le BTP aussi pourrait profiter largement du filon.

Une fois n'est pas coutume, le débat sur l'exploitation des gaz de schiste est parfaitement lisible, sans manichéisme. D'un côté, on trouve les partisans de l'exploitation, qui y voient plusieurs opportunités : création de richesses et d'emplois, alternative au pétrole, et indépendance énergétique, stratégique à l'heure où la Russie comme les pays du Golfe étendent leur influence. De l'autre, les opposants pointent justement l'impact sur l'environnement, très risqué en raison de la méthode d'extraction des gaz, la fameuse fracturation hydraulique, mais aussi les effets pervers d'une alternative au pétrole qui ne crée pas de changements de comportement profonds et concurrence les efforts pour des énergies renouvelables et durables. Sans entrer dans les caricatures, le clivage est on ne peut plus clair.

mercredi 24 juillet 2013

Eco-conditionnalité : fin de crise pour le bâtiment ?


Eco-conditionnalité : fin de crise pour le bâtiment ? (crédit : http://www.cotedor.fr)



Le débat sur la transition énergétique a rappelé l’importance du BTP dans la mise en place d’un nouveau modèle de développement respectueux de l’environnement et soucieux du bien-être des individus. Pour ce faire, des objectifs ont été assignés, notamment la rénovation de 500 000 logements par an, d’ici à 2017. Toutefois, cela ne peut se réaliser qu’avec l’aide de l’Etat, celui-ci ayant décidé de faciliter les financements au travers du critère d’éco-conditionnalité. 

En effet, les travaux de rénovation énergétique (isolation, changements des fenêtres, etc.) restent relativement onéreux. Par conséquent, les propriétaires ne sont pas incités à faire des travaux, sauf si des aides existent, comme par exemple le Crédit d’Impôt Développement Durable (2005) ou l’éco-prêt. Toutefois, rien ne dit que les résultats en termes d’économies d’énergie soient au rendez-vous. 

Aussi, à travers la mise en place de la mesure d’éco-conditionnalité, à partir du 1er juillet 2014, le Gouvernement souhaite à la fois s’assurer de la réussite de la transition énergétique (rénovation des logements) mais aussi que les ménages aient des prestations de qualité fournies par des professionnels. L’éco-conditionnalité est ainsi un moyen de contrôle financier afin d’atteindre des objectifs quantitatifs et qualitatifs et non pas un simple plan de relance déguisé pour le secteur. 

mercredi 10 juillet 2013

Le BTP, au coeur de la transition énergétique

Le BTP au centre des débats sur la transition énergétique (crédit : www.transition-energetique.gouv.fr)


Le débat sur la transition énergétique, lancé en 2012 par le gouvernement, a pour objectif de trouver des solutions au défi climatique et énergétique que connaît notre pays : baisser les émissions de CO2, ramener d’ici 2025 la part du nucléaire à 50 % de la production nationale d'électricité, développer les énergies renouvelables, trouver des solutions en terme d'économies d'énergie… Le 8 juillet dernier a été publiée la synthèse des débats territoriaux qui ont eu lieu ces derniers mois. Sans revenir sur l’ensemble du document, très dense et riche en propositions, la partie concernant le bâtiment – pages 42-45 – explicite l’importance du secteur dans la réussite de la transition énergétique mais également les points de blocage possibles.

La rénovation est un enjeu crucial afin de réussir la transition énergétique vers une économie bas carbone et faiblement consommatrice d’énergie. Pour ce faire, la synthèse des débats met l’accent sur l’articulation entre des démarches administratives et de financement facilitées ainsi qu’une montée en compétence des acteurs du BTP sur le sujet : par exemple, via des regroupements afin de partager les savoir-faire. De même, les formations sur les techniques de réhabilitation ou relatives aux économies d’énergie sont primordiales car elles permettent de niveler vers le haut les qualifications des acteurs du BTP.

vendredi 5 juillet 2013

Mobilisation générale lors des Journées Professionnelles de la CAPEB 2013

Les Journées Professionnelles de la CAPEB 2013 à la Cité Internationale des Congrès de Nantes (crédit : bati2030.blogspot.fr)
Une semaine après les 24h du bâtiment de la FFB, la CAPEB tenait elle aussi son grand événement annuel, à la Cité Internationale des Congrès de Nantes. Mais là encore, le salon professionnel était un alibi pour démontrer la solidarité des artisans au niveau national. Formation, réglementations, certifications ont fait l'objet d'un examen complet lors de ces trois jours de conférences et de débats. Mais l'apparition en filigrane (ou pas) des grands enjeux du moment, comme l'amiante, le statut des entrepreneurs ou la TVA réduite dans le bâtiment, a aussi montré que la mobilisation était générale et massive. Un événement moins politique que les 24h du bâtiment, mais tout aussi important à l'aube du bras de fer musclé qui va opposer la Confédération au gouvernement de Jean-Marc Ayrault pour la survie du monde de la construction.

Depuis 2012, la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment a décidé d'organiser des rencontres nationales réunissant les différents corps de métier et représentants des départements. Organisées à Nice l'année dernière, elles se tenaient cette fois à Nantes pour rassembler près de 3000 délégués départementaux, représentants mais aussi relais des adhérents de la base, venus pour se rencontrer et débattre autour des grands thèmes du moment. L'occasion aussi pour plusieurs dizaines de fabricants de présenter leurs dernières solutions et innovations à ces délégués prescripteurs et les 5000 visiteurs, essentiellement professionnels du milieu.

dimanche 23 juin 2013

Les 24h du bâtiment, la démonstration de force de la FFB et le grand oral de François Hollande

François Hollande, lors de son intervention au 24h du bâtiment de la FFB (crédit : Le Moniteur)
Ils étaient 4000 personnes le 14 juin dernier, pour assister et participer à la 3ème édition de la grand'messe de la Fédération Française du Bâtiment. 4000 entrepreneurs et cadres du bâtiment, rassemblés au Palais des Sports de Paris pour témoigner des difficultés du secteur et placer le chef de l'Etat, mais aussi Cécile Duflot et Sylvia Pinel, devant leurs responsabilités. 4000 personnes qui ont su, comme personne, faire valoir leurs revendications et mettre sous pression un gouvernement dont la marge de manoeuvre, en une petite heure, s'est considérablement réduite.

Pour la troisième année consécutive, la Fédération Française du Bâtiment organisait les "24h du bâtiment", une manifestation destinée à rassembler ses adhérents autour d'un cycle de conférences traitant des sujets brûlants du secteur et à les mobiliser. Les grands thèmes de débats étaient d'ailleurs parfaitement identifiés : statut des auto-entrepreneurs, concurrence déloyale, lourdeurs administratives, TVA, transition énergétique, bref un contexte idéale pour une opération d'influence de grande envergure. En effet, en stratège expérimenté, la FFB a su parfaitement tirer parti de sa position par rapport au pouvoir, jouant habilement des rapports entre faibles et forts. Habituellement placée du côté des forts, de ceux qui exploitent et qui payent, elle a joué de la crise et de ses justes revendications pour incarner le faible, et mettre un exécutif déjà devant ses responsabilités, celles d'un effondrement total du secteur.

jeudi 6 juin 2013

La crise du BTP espagnol : un danger pour le secteur du bâtiment en France ?

La crise du BTP espagnol va-t-elle contaminer la France ? (crédit : Le Grand Journal)
Qui se souvient de ce sketch de Groland, qui, saluant le dynamisme de l'Espagne des années 2000, la surnommait la France heureuse ? A l'époque, la saillie était brutale, tant le "miracle" espagnole ne cessait d'étonner une Europe de l'Ouest au ralenti. Mais voilà, la crise financière de 2008 est passée par là et a replongé l'Espagne dans ses affres économiques. Et loin d'être épargné par la récession et le chômage, le secteur du bâtiment en constitue même un facteur aggravant. Les proportions de la crise sont telles que le BTP en France, en berne lui aussi, s'inquiète d'une contamination qui pourrait l'affecter Pour autant, les situations ne sont pas vraiment comparables.

Dans les années 2000, l'Espagne du BTP faisait rêver l'Europe entière : 86 % de propriétaires en 2005, 5,5 millions de logements construits entre 1997 et 2006, le secteur du bâtiment ibérique fournissait 17,9 % du PIB espagnol. Mais en 2013, le constat est tout autre : l'explosion de la bulle immobilière en 2008 a entraîné la disparition de 160 000 entreprises de BTP, pour 500 emplois supprimés par jour entre 2010 à 2012 et près de 3,4 millions de logements vacants ! Comment le miracle espagnol en est-il arrivé à ce marasme économique et sociale ? Une situation qui n'en finit pas d'inquiéter le secteur du bâtiment en France.

jeudi 30 mai 2013

Recours aux ordonnances dans le bâtiment : la mesure contestable incontestée

La loi de recours sur les ordonnances dans le bâtiment, une mesure contestable mais peu contestée (crédit : Le Nouvel Obs)
Mesure spectaculaire annoncée en mars dernier pour sortir le secteur du bâtiment de la crise, la loi de recours aux ordonnances, portée par Cécile Duflot, Ministre du Logement, et la député PS Annick Lepetit, a bénéficié d'un large consensus. En réalité, il a fallu attendre le débat parlementaire pour voir apparaître publiquement les premiers points de dissension, ou du moins quelques critiques, émanant principalement de l'opposition. Sur le banc des accusés : l'efficacité d'une telle mesure et l'arrière-plan idéologique.

Le projet de loi de recours aux ordonnances dans le cadre du bâtiment est une des pièces majeures du plan logement, le dispositif mis en place par le gouvernement pour sortir le secteur du BTP du marasme économique. La loi, votée dans la soirée du 21 mai dernier par l'Assemblée nationale, met en place huit mesures d'urgence destinées à éliminer les freins aux projets de construction de logements : elle permet de prendre des ordonnances pour faciliter la tranformation de bureaux en logements, limiter les contraintes en matière de stationnement, favoriser la surélévation d'immeubles, raccourcir les délais ou encore de lutter contre les recours mafieux. Bien évidemment, les organisations professionnelles, à l'image de la FFB comme de la CAPEB, saluent là un "texte pragmatique".

mardi 21 mai 2013

La Chine et les enjeux de l'éco-construction

Des barrières de béton bientôt remplacées par des forêts d'immeubles verts en Chine ? (crédit : La Tribune)
Lorsque que l'urbanisation en Chine est évoquée dans les médias, ce sont des images de vastes et denses étendues d'immeubles et de montagnes abrasées qui viennent à l'esprit, plutôt que des parcs verts et des éco-quartiers. Pourtant, la Chine, sous l'impulsion du régime central, s'intéresse de plus en plus à l'éco-construction et aux solutions économes en énergie. D'ordre économiques et sociales, les raisons en sont simples : préserver une paix sociale que la pollution, plus que les atteintes au droit de l'homme, menace de plus en plus ; et réduire la facture énergétique de la première puissance démographique mondiale, dont la croissance commence à montrer, bon an mal an, des signes de ralentissement.

Le 26 février 2013, la National Development and Reform Commission/中华人民共和国国家发展和改革委员会 (NDRC) a lancé un programme de construction d'un milliard de mètres carrés de bâtiments éco-construits et la rénovation de tous les bâtiments administratifs d'ici à 2015. La mise en place d'une dynamique de développement durable par cette agence gouvernementale n'est pas anodine, elle est en effet l'héritière de la State Planning Commission, l'agence historique responsable de la planification de l'économie chinoise depuis 1952. Signe que le gouvernement central a décidé de faire du développement durable une de ses priorités.

vendredi 17 mai 2013

Bâtiment intelligent : une gestion complexe à inventer

Des experts interviennent au salon Ecobat pour expliquer la complexité de la gestion d'un "Smart Building" (crédit : bati2030.blogspot.fr)
Le 24 mai prochain se tiendront à Paris les Premières Rencontres du Bâtiment Intelligent, un événement organisé par le Groupe Moniteur et dont le thème principal sera bien-sûr consacré au Smart Building. L'évocation de la question des bâtiments et des réseaux intelligents entraînent systématiquement des sujets sur les moyens techniques mis en oeuvre, les innovations, les économies d'énergies ou encore la gestion des informations collectées (les smartgrids, nouveau panopticon ?). Mais la problématique de la gestion et la mise en oeuvre de ce type de bâtiment est rarement évoquée, si ce n'est lors du dernier salon Ecobat 2013. La raison en est simple : dans ce domaine, tout ou presque reste encore à faire !

Le 22 mars dernier, le salon Ecobat avait organisé une conférence intitulée : "Usagers, exploitants, propriétaires : le pilotage de l'efficacité énergétique après rénovation/livraison du bâtiment". Une table ronde passionnante où Roger-Marc Gaudiot, Directeur Général Adjoint de Nexity Property  exposait notamment les enjeux et les difficultés de la gestion tripartite de ce type de bâtiment. Phénomène tendance, le smart building est un sujet dont les difficultés de mise en oeuvre sont rarement soupçonnées par le grand public, y compris dans les milieux écologistes. Pour Roger-Marc Gaudiot, cela s'explique par la dimension extrêmement récente du bâtiment intelligent. Pensés depuis à peine une décennie, les premiers bâtiment opérationnels sont seulement sortis de terre il y a quelques années. Trop peu de temps pour en maîtriser les aspects, et beaucoup encore à découvrir.

mardi 7 mai 2013

Le "choc de simplification" : pas si simple dans le bâtiment...

"Le choc de simplification" : le choc des mots, l'absence de sens (crédits : Contrepoints.org)
Le "choc" de simplification, c'est la nouvelle marotte du gouvernement Ayrault depuis le 2 avril. Le projet : en finir avec cette camisole d'efforts que sont les normes et réglementations édictées par l'administration française pour la société en général et l'économie en particulier. Car l'inflation normative est devenue un bouc émissaire, le poison qui briderait l'esprit d'initiative et d'entreprendre, le rempart à la croissance. Mais dans le secteur du bâtiment, elles sont souvent une garantie de sécurité et de qualité, à laquelle il serait bien imprudent de s'attaquer.

Promis par François Hollande lors de l'intervention télévisée du 28 mars, le choc de simplification vise à réduire le nombre des normes et des réglementations qui ralentissent et inhibent l'activité économique, en particulier des TPE et des PME. Mise en oeuvre par les collectivités territoriales, mairies en tête, les normes représentent un poids conséquent dans l'activité des administrations locales, tant en termes de temps que d'argent. Selon l'OCDE, la complexité administrative coûterait 60 milliards d'euros par an, soit 3 points du PIB français. Jean-Marc Ayrault a donc chargé le Conseil Inter-ministériel pour la Modernisation de l'Action Publique (Cimap) d'élaguer la forêt des 400 000 normes de notre quotidien.

jeudi 2 mai 2013

La RT 2012 et le calcul des lobbyistes

La RT 2012, en proie aux polémiques et aux lobbyistes.
La RT 2012, à peine entrée en vigueur, serait-elle déjà morte ? Ou s'agit-il juste d'une énième polémique dans le long et douloureux accouchement de cette réglementation, conçue dans l'enthousiasme et les nimbes d'optimisme du Grenelle de l'Environnement ? Comme souvent, la seconde analyse reste la plus plausible, et s'explique par le déplacement des enjeux : censée incarner l'instrument central de la révolution énergétique français, la RT 2012 a été livrée dans l'arène des lobbyistes. D'où les nombreux délais pour une réglementation technique qui n'a pas encore remporté la bataille des esprits.

En apparence, l'objectif de la RT 2012 est relativement simple : réduire la consommation énergétique des bâtiment de 150 kWh/m2/an (pour la RT 2005), à 50 kWh/m2/an, soit une division par trois. Mais comme le dit (presque) le dicton populaire, c'est plus facile à décréter qu'à faire. Or, si la nécessité d'une telle réglementation était reconnue par tous, les moyens d'y arriver, eux, étaient encore sujets à discution, à négociation même. Et l'inévitable ouverture du débat aux "acteurs sociaux" à plonger la future réglementation dans le grand cirque du lobbying, à savoir les couloirs du Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable.

mardi 23 avril 2013

Les fabricants d'isolants essayent de laver plus vert que blanc

Le greenwashing dans l'isolation, une pratique courante dans les groupes comme Rockwool et Saint-Gobain (crédit : Le Moniteur)
Quel est le point commun entre Herta, Lucky Strike, Nivea, Volvic, MacDonald's ou encore Le Chat ? Toutes ces sociétés se sont plus au moins rendues coupables de greenwashing, cette nouvelle marotte des marketeurs qui cherchent à faire écolo pour vendre plus. Et si l'agroalimentaire, comme l'industrie automobile, ont sauté sur la démarche, les fabricants d'isolants n'ont pas tardé à leur emboîter le pas : labels divers, associations de protection de l'environnement, matériaux plus écolos les uns que les autres (comme évoqués il y a quelques semaines par Bâti 2030), la machine à laver plus vert essore à tout va, y compris les innovations qui contribuent, elles, réellement à préserver l'environnement.

Très tôt, l'ADEME s'est attaqué au greenwashing et l'a défini comme "l'utilisation abusive de l'argument écologique dans un message de communication". En bref, comment parer ses produits des vertus qu'ils n'ont pas. Le terme francisé, "éco-blanchiment", évoque bien la dimension mafieuse qui se dissimule derrière cette pratique, de plus en plus courante, et malheureusement, de plus en plus subtile. Le BTP n'échappe pas aux critiques : l'ADEME et l'ARPP évaluait déjà en 2010 à 30 % les pratiques douteuses de greenwashing dans le secteur de la construction, dans leur rapport "Publicité et Environnement". Et dans ce domaine, les fabricant d'isolants font preuve d'une imagination ultra-fertile.

mardi 16 avril 2013

Pourquoi l'auto-entreprenariat et le BTP font deux

Manifestation de la FFB de la Marne contre les conséquences de la crise pour les artisans du BTP (crédit : France 3)
Laurence Parisot l'a qualifié "d'invention géniale". Le statut d'auto-entrepreneur, partiellement inventé d'après les travaux de la commission Attali, est sans doute l'un des succès les plus visibles du gouvernement Fillon II. Pierre d'angle de la Loi de Modernisation de l'Economie (LME), promulguée en juillet 2008, il a été plébiscité par près d'un million de personnes qui se sont lancées dans la grande aventure de l'entreprenariat. Mais voilà, ce succès n'est pas sans faire grincer les dents des hérauts des artisans du BTP !

Car le bâtiment non plus n'a pas échappé au virus de l'AE : la Caisse Nationale du réseau des URSSAF (ACOSS) relève ainsi dans un rapport de février 2013 que 14,25 % des 895 000 AE recensés en février 2013 travaillent dans le secteur de la construction, soit 127 503 personnes. De plus, en 2011, 68 427 AE du secteur de la construction ont généré un chiffre d'affaires cumulés de 862,2 millions d'euros, soit une moyenne de 12 600 euros. Rien de si exceptionnel au fond, sauf que les artisans du BTP, dans une période économique particulièrement difficile, commencent à regarder d'un mauvais oeil cette concurrence qui déferle (plus 15 % d'AE dans le secteur de la construction entre 2010 et 2011) sur le marché.

mercredi 10 avril 2013

L'utopie des matériaux bio-sourcés

Les matériaux bio-sourcés pour le bâtiment : une utopie ? (crédit : DREAL Poitou-Charentes)
En apparence, ils ont tout pour plaire. Stars du salon Ecobat, les matériaux bio-sourcés crèvent l'écran depuis quelques années. Bois, paille, chanvre, laine, plumes, etc., les éco-constructeurs rivalisent d'ingéniosité pour réactualiser de vieilles recettes et rendre l'isolation et les matériaux de construction plus écolos et plus durables, en bref, éco-responsables. Vraiment éco-responsables ? Certaines voix, majoritairement issues du militantisme écologique pur et dur, ont commencé à émettre nuances et critiques. Car au fond, la plupart des matériaux bio-sourcés pose le même problème que les biocarburants, à savoir l'exploitation intensive de terres agricoles pour des usages non-alimentaires...

Qu'ils soient d'origine végétale (bois, liège, chanvre, paille, etc.) ou animale (laine, plumes), les matériaux bio-sourcés sont la nouvelle coqueluche des architectes de la deuxième décénie du troisième millénaire (depuis 2010 en somme). La raison ? Il repose sur trois principes : la performance énergétique, le respect de l'environnement et le respect de la santé des hommes. Tout ce qui peut permettre en somme d'oublier le traumatisme provoqué par l'amiante, produit miracle des années 60 dans le BTP.

vendredi 5 avril 2013

Mention "insuffisant" pour le plan de sauvetage du bâtiment

François Hollande à Alfortville, en prière pour le salut du bâtiment (crédit : JACKY NAEGELEN/Newscom/RTR).
Moins de deux semaine après l'annonce de François Hollande sur le plan logement, censé sortir le secteur du bâtiment du marasme économique, la voix unanime des soutiens s'est peu à peu atténuée pour laisser place à des critiques de plus en plus virulentes. Qualifié "d'insuffisant", le plan logement peine à incarner "vraiment" le changement (et maintenant), se cantonnant à des mesures incantatoires et incitatives.

Le projet était beau, au soir du 21 mars. A écouter politiques et représentants du monde du bâtiment, ce dernier venait de trouver la bouée de sauvetage qui l'empêcherait de s'enfoncer davantage dans la crise qui le submerge depuis quelques années. Pour Laurence Parisot, (encore) présidente du MEDEF, Didier Ridoret, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), comme pour Patrick Rame, président de la FFB du Val d'Oise, qui se félicitaient "que le Président de la République et le Gouvernement aient décidé d'amplifier leur action dès aujourd'hui [jeudi 21 mars] afin de soutenir l'activité, l'emploi et la satisfaction des besoins de nos concitoyens", les vilains nuages noirs du déluge se sont envolés.