jeudi 31 octobre 2013

L'autoconsommation, ou le soleil dans la nuit du photovoltaïque

La soleil brillera-t-il à nouveau sur le secteur du photovoltaïque grâce à l'autoconsommation ? (crédit : TPE énergie photovoltaïque)
Placées sous les signes de l'environnement et de la collaboration entre corps de métiers, les dernières journées de la CAPEB ont notamment consacré une de leurs tables rondes à ce qui représente le dernier espoir pour sortir l'industrie photovoltaïque française de l'ornière : l'autoconsommation. En effet, à la fois tué par la concurrence chinoise, l'écodélinquance et la fin des subventions au secteur, le photovoltaïque s'est enfoncé dans une crise profonde, encore accentuée par un contexte économique défavorable. Mais la crise a peut-être eu du bon en débarrassant le milieu des incompétents et des profiteurs (voire escrocs), en le délivrant de sa dépendance aux subventions, pour en revenir à ce concept simple et marqué du sceau du bon sens qu'est l'autoconsommation. Alors, espoir réel ou nouvelle insolation ? 

L'autoconsommation n'est pas à proprement parlé un concept nouveau. On pourrait même dire que l'existence d'équipements "individuels" de production d'énergie, renouvelables (éoliennes, photovoltaïques) ou non (groupe électrogène), devrait permettre naturellement de produire et consommer sa propre électricité, comme cela se fait par exemple depuis des dizaines d'années aux Etats-Unis (pour des raisons d'isolement). Mais la structure jacobine de la France, avec ce dogme ancien d'une électricité au tarif national unique, a largement empêché son développement. Ce n'est qu'après la crise du photovoltaïque en 2010 que l'ex-ministre du Développement Durable, Delphine Batho, a évoqué la promotion de l'autoconsommation sur les recommandations du groupe de travail "mix énergétique". 

jeudi 24 octobre 2013

Ecotaxe, la bataille du chacun pour soi

Ecotaxe poids lourds, moyen de financements du BTP (source : DREAL Bretagne)
Décidément jamais à court d’idées fiscales, le tout dans un joyeux foutoir médiatique et communicationnel, le gouvernement a pourtant une bonne occasion de démontrer un certain sens économique – et donc politique – avec ce qui est une avancée fondamentale pour notre pays : l’écotaxe. En effet, celle-ci doit s’analyser comme un transfert financier permettant d’impulser de nouvelles habitudes, bénéfiques pour l’environnement, chez les acteurs économiques. Problème : il faut un temps d’adaptation pour changer les comportements alors que les principaux syndicats professionnels, dans un contexte économique très tendu, voient l’écotaxe comme un nouveau tour de vis fiscal… Avec ses vainqueurs et ses perdants… au détriment de l’environnement et de la compétitivité nationale.  

Il est dorénavant convenu que les enjeux environnementaux doivent structurer notre manière de penser et de faire. Plus précisément, il convient de s’interroger sur les manières d’amener l’acteur économique, qu’il soit producteur ou consommateur, public ou privé, à prendre en compte l’environnement dans sa prise de décision. La taxe est un de ces moyens, dont l’objectif est d’internaliser les dommages engendrés par l’activité d’un agent qui en rejette le coût sur la société. Ainsi, une écotaxe est une charge versée par les entreprises dont les activités industrielles sont polluantes et nuisent à l’environnement. De ce fait, on comprend aisément qu’elle puisse s’appliquer aux transports routiers. Elle fut ainsi un des projets adoptés par la Loi Grenelle Environnement de 2009, sorte de redevance kilométrique qui vise à faire payer aux véhicules de transport de marchandises – vides ou chargés, français ou étrangers – de plus de 3,5 tonnes l’usage des 15 000 kilomètres de réseau routier national non concédé.

jeudi 17 octobre 2013

La (mauvaise) influence du lobbying dans le BTP

L'Assemblée nationale, où les lobbies bataillent pour l'avenir réglementaire du BTP (crédit : UNEF)
Un de plus ! Les syndicats professionnels du BTP comptent une nouvelle organisation : le Syndicat National des Bardages et Vêtures Isolés, prononcez S.N.B.V.I. Créé en juin 2013, il rassemble des anciens de l'amiante comme Eternit et James Hardie, d'autres fabricants de laines minérales comme Rockwool, ainsi que divers spécialistes de la façade pour faire la promotion des "façades intelligentes". Au delà de l'aspect alambiqué du concept, cette annonce pose la question de l'importance grandissante et récurrente des groupes d'influence dans le secteur du BTP.

Un lobby est un groupe de pression qui cherche à convaincre et persuader le législateur de suivre ses intérêts. Loin d'être une pratique nouvelle, Colbert combattait dès le XVIIème siècle les corporatismes, c'est-à-dire l'établissement de groupement d'intérêts et de pression des chambres de marchands, accusés de chercher à faire triompher leurs intérêts propres au détriment de ceux de la Nation. Et avec le développement conjoint du libéralisme économique et de la démocratie, la pratique s'est institutionnalisée au point de devenir incontournable, y compris dans le secteur du BTP, où les normes et réglementations omniprésentes entraînent une bataille juridique et législative permanente.

jeudi 10 octobre 2013

Batimat 2013, une institution en péril ?


Batimat 2013 (crédit : batimat.com)

Du 4 au 9 novembre 2013 se tient la 29ème édition du salon Batimat. Principale référence mondiale des salons de la construction, il rassemble tous les deux ans les professionnels (maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage, entrepreneurs et distributeurs), français et étrangers, venus présenter leurs derniers produits, matériels innovants et services. Mais loin du dynamisme habituel, cet événement incontournable est gagné, à l'image du pays, par la langueur et la crise. Et sa délocalisation à Villepinte n'arrange pas les choses... 

Ces dernières années, les enjeux énergétiques que connaît la société, et donc le secteur du bâtiment, ont servi de leitmotiv à Batimat, permettant ainsi aux acteurs d’échanger, de faire émerger des solutions techniques pertinentes afin de répondre aux différentes normes et lois relatives aux constructions et rénovations durables (RT 2012 pour ne parler que d’elle). L’édition 2013 ne déroge pas à la règle avec quatre thèmes centraux : la performance énergétique, la basse consommation, l’accessibilité et le confort d’usage des bâtiments ainsi que la forte dimension technologique de la construction. L’organisateur, Reed Expositions France, filiale du numéro un mondial des salons, le Britannique Reed Exhibitions, table sur 3 500 exposants et 400 000 visiteurs. Plus que jamais, l'institution Batimat participe pleinement à la vie du secteur et demeure un rendez-vous biennal incontournable. Pourtant, cette optimisme laisse songeur. En effet, de plus grand événement mondial, dans les années 1980, avec plusieurs dizaines de pays représentés, Batimat semble végéter voire dépérir. Et la crise n’est pas la seule explication.

vendredi 4 octobre 2013

Le scandale de l'esclavage moderne dans le BTP

La reine Beatrix de Hollande rencontre des ouvriers de la SHELL à Doha (crédits : Robin Utrecht/Royal Images/ANP/AFP)
Quand Sepp Blatter, le puissant président de la FIFA, faisait part de ses regrets d'avoir attribué la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, pensait-il aux milliers d'ouvriers qui allaient périr sur les chantiers ? Pas vraiment... Mais un article très documenté du journal anglais le Guardian, paru le 25 septembre dernier, a révélé que plus de 40 ouvriers originaires du Népal étaient décédés entre le 4 juin et le 8 août, du fait des mauvaises conditions de vie et du travail forcé. Si ce rythme devait se maintenir, près de 4 000 travailleurs pourraient ainsi mourir pour que des millions de téléspectateurs se régalent des dribles de Messi.

L'esclavage et le travail forcé dans le BTP ne sont pas vraiment une nouveauté. Est-il nécessaire de rappeler qu'il aurait fallu 10 millions d'ouvriers morts pour ériger la Grande Muraille de Chine ? Et si à l'époque, la grandeur et la sécurité d'une civilisation justifiaient tous les sacrifices (et surtout ceux des esclaves issus des rapines et des razzias), l'organisation des JO ou d'une coupe de monde, même de football, ne vaudra jamais le moinde décès. C'est une évidence. Or, aujourd'hui, 150 ans après que la plupart des pays aient aboli l'esclavage, l'International Labour Organisation (ILO), une agence des Nations Unies, estime qu'il existe près de 21 millions de personnes dans le monde en état de servitude, dont plus de la moitié proviendrait d'Asie. Malheureusement, le secteur du BTP n'échappe pas à ce triste phénomène.