jeudi 4 mai 2017

BTP et présidence Macron : année zéro

Président Macron, à vous d'agir ! (source : tv83.info)

Le second tour de la présidentielle n’a pour seuls enjeux que le taux d’abstention et le score des deux candidats. En effet, il est peu probable qu’Emmanuel Macron ne soit pas le nouveau président de la République. Autant, dès lors, s’atteler à faire l’état des lieux du secteur de la construction et des travaux publics – pour ne pas dire le bilan du président sortant – sur la base des seuls chiffres proposés par l’Institut national de la statistique et des études économiques, en avril 2017.

Ainsi, malgré certaines faiblesses tangibles, parfois aggravées par des politiques idéologiques (merci Cécile Duflot), le BTP connaît actuellement une croissance robuste. De fait, le futur président n’entre pas en fonction dans un contexte d’urgence économique, comme cela était le cas – et pas du tout compris d’ailleurs – en 2012. Le président Macron peut se focaliser sur des réformes structurelles, notamment concernant l’employabilité des individus. A savoir, la formation et l’apprentissage.

L’immobilier revient des Enfers

La croissance du chiffre d’affaire dans le secteur de la construction, sur l’année 2016, est de 1,5 %, démontrant la robustesse des signes de reprise apparus en 2015. Pour preuve, la croissance est de 2,7 % entre le premier trimestre 2016 et le T1 2017. Le climat des affaires reste néanmoins stable. L’indicateur synthétique se situe à sa moyenne de long terme (base 100) pour le troisième mois consécutif. Du jamais vu depuis… le printemps 2012 ! Cinq années de marasme qui semblent prendre fin.

Quant au solde d’opinion sur l’activité prévue, celui-ci augmente fortement pour atteindre son plus haut niveau depuis mars 2008. Les carnets de commande s’étoffent, assurant 6 à 7 mois de travail. Toutefois, bien qu’en constante progression depuis deux ans, la courbe des commandes n’impacte pas encore positivement la courbe de l’emploi. En outre, symptôme du mal français, la moitié des chefs d’entreprise indiquent rencontrer des difficultés à recruter. La situation s’améliore donc, mais cela se fait graduellement et lentement. Ce qui montre a posteriori la gravité et la durée de la crise.

Des promoteurs immobiliers soucieux

L’enquête trimestrielle de l’Insee révèle que l’opinion des promoteurs s’améliore, en avril 2017, concernant la demande de logements neufs. Certes, les perspectives de mises en chantier pour le prochain trimestre progressent légèrement (gain de deux points) mais il « se situe nettement au-dessus de sa moyenne de long terme ». Un bémol néanmoins : alors que les perspectives de mises en chantier de logements destinés à la location rebondissent fortement, celles concernant la vente régressent, même si elles restent supérieures à la normale. Enfin, les promoteurs sont de nouveau plus nombreux à signaler une hausse du prix moyen des logements neufs mis en vente. Preuve que la demande, depuis cette année, est revenue.

Pourtant, même si le rattrapage est bien réel, il est à relativiser au regard du marasme de 2012-2015. On ne peut que faire mieux. En outre, les déterminants structurels refont surface, déclenchés par la remontée des taux des crédits immobiliers en décembre 2016. Le contexte économique reste mou, le pouvoir d’achat des ménages stagne et la hausse des prix immobiliers – plus que de raison – montre surtout que le marché est vicié. Le court-termisme prévalant, les anticipations positives risquent d’être douchées rapidement.

Le come-back des travaux publics

Concernant les travaux publics, parent pauvre de ce quinquennat malgré la centralité des infrastructures dans la bonne santé (ou non) d’un pays, la dernière enquête Insee montre que le climat des affaires s’améliore nettement. « Le solde d’opinion [sur l’activité passée] atteint un plus haut depuis juillet 2011, bien au-dessus de sa moyenne de long terme ». Et ce, grâce à la commande publique, la demande provenant du privé restant stable.

Concernant l’avenir, « les entrepreneurs sont également plus optimistes sur leur activité des prochains mois. Le solde […] est à un niveau inédit depuis avril 2007, largement au-dessus de sa moyenne de longue période », tiré par la demande publique et privée.

Mais cette bonne santé a un revers : l’insuffisance de personnel. De fait, les perspectives d’emploi sont bonnes (solde d’opinion au plus haut depuis avril 2008) mais la question de l’adéquation entre offre et demande est posée (manque de personnes qualifiées, salaires peu attractifs, etc.).

L’analyse est identique concernant les artisans du bâtiment : l’activité est solide et les anticipations de plus en plus optimistes. Elles sont nettement au-dessus de la moyenne de long terme, atteignant leur « plus haut niveau depuis octobre 2007, bien au-dessus de sa moyenne de long terme ». Toutefois, même si les anticipations d’embauches sont élevées, un tiers des artisans (chiffre en augmentation) avancent éprouver des difficultés à recruter. « Dans le même temps, 37 % des artisans du bâtiment déclarent former des apprentis, une part redevenue proche de sa moyenne de long terme (38 %) ».

L’employabilité : la vraie question

Emmanuel Macron a bien compris que l’un des maux du marché du travail en France concerne l’employabilité des individus. Il n’y a qu’à regarder le nombre d’emplois non pourvus, quel que soit le secteur d’activité. Et ce n’est pas qu’une question de salaire trop faible.

De fait, Emmanuel Macron veut faire du compte personnel de formation, créé en 2014, le point central de sa réforme en précisant que son projet « s’attaque aux trois défis de la formation professionnelle : inégalité, inefficacité et complexité ». En mettant au centre du dispositif le salarié (choc conceptuel pour certains !), Emmanuel Macron veut que chaque personne dispose d’un compte tout au long de sa vie professionnelle, crédité chaque année, jusqu'à 150 heures pour un salarié à temps plein, 400 pour les moins qualifiés.

Bien évidemment, en mettant en avant plus de transparence dans l’argent alloué/utilisé, plus de pertinence/qualité dans les formations proposées et plus de responsabilisation des salariés mais également des employeurs, le candidat En Marche ! heurte les acteurs historiques du système, à savoir les syndicats et le MEDEF. Pourquoi ? Il suffit de relire le Rapport Perruchot.

Quant à l’apprentissage, son importance n’est plus à démontrer mais là encore, la France fait peu pour ses jeunes. La prise de conscience est imparfaite. Pour y remédier, Emmanuel Macron veut développer les périodes de pré-apprentissage et les filières en alternance dans tous les lycées professionnels. Surtout, il responsabilise les partenaires sociaux, dans chaque branche professionnelle, en les impliquant dans la définition des programmes et l’organisation des formations.

Avec ces mesures, sans oublier la formation d’un million de jeunes peu qualifiés et d’un million de chômeurs de longue durée faiblement qualifiés, le futur président de la République fait le pari d’une meilleure fluidité du marché du travail, c’est-à-dire d’une meilleure adéquation – quantitativement et qualitativement – de l’offre et de la demande, pour régler le problème du chômage de masse.

Monsieur le Président, à vous d’agir !


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